Un journalisme en crise de crédibilité
Depuis quelques années, une tendance inquiétante se dessine dans le paysage médiatique québécois. Ce qui était autrefois un travail d’enquête rigoureux et d’information nuancée s’est transformé en une machine à sensationnalisme, où l’émotion et le spectacle priment sur la recherche de la vérité. Les grands médias québécois, jadis garants d’un débat éclairé, semblent désormais s’aligner sur une ligne éditoriale uniforme, amplifiant des narratifs préfabriqués et s’abritant derrière des « experts » soigneusement sélectionnés pour éviter tout questionnement.
Des faits divers érigés en vérités absolues
Un simple coup d’œil aux manchettes des dernières années illustre bien cette dérive. On passe d’un extrême à l’autre sans souci de cohérence : l’hiver québécois est présenté tantôt comme menacé par la disparition de la glace, tantôt comme plus violent que jamais en raison du réchauffement climatique. Un été chaud devient une preuve irréfutable du dérèglement planétaire, tandis qu’un hiver rigoureux est attribué à des phénomènes complexes que l’on explique à peine.
Cette logique sensationnaliste sert avant tout un objectif : capter l’attention et maximiser les clics, au détriment d’une véritable réflexion sur les enjeux climatiques et sociaux. Plutôt que d’expliquer les phénomènes météorologiques, les médias empilent des faits divers isolés, créant un effet de loupe qui fausse la perception du public.
L’expert, caution scientifique ou alibi médiatique ?
Autrefois, les médias faisaient un effort pour exposer différents points de vue et donner au public les outils pour se forger une opinion. Aujourd’hui, le journalisme québécois préfère s’appuyer sur des « experts » soigneusement choisis pour valider un narratif déjà décidé à l’avance. Ces experts sont rarement remis en question, leurs affirmations sont acceptées sans le moindre esprit critique, et lorsqu’un avis contraire surgit, il est immédiatement marginalisé ou présenté comme « controversé ».
Le but de cette stratégie est double : d’une part, elle permet aux médias de donner un vernis de crédibilité scientifique à leur discours, et d’autre part, elle les protège en cas d’erreur. Si une prédiction s’avère fausse ou exagérée, il suffira de blâmer l’expert et de l’écarter discrètement sous l’autobus.
Un journalisme d’opinion déguisé en reportage
Loin d’informer, le journalisme québécois s’engage de plus en plus dans une guerre idéologique où seules certaines perspectives sont admises. Ceux qui osent remettre en question les narratifs dominants sur des sujets comme le climat, l’économie ou la politique sont étiquetés comme étant des « désinformateurs » ou des « complotistes ».
Le plus ironique, c’est que ces mêmes médias qui amplifient des récits biaisés et exagérés réclament en parallèle un contrôle accru de la « désinformation ». Mais qui décide de ce qui est de l’information et de ce qui est de la désinformation ? Lorsqu’un média relaie une exagération, une interprétation sélective des faits ou un alarmisme injustifié, est-ce encore du journalisme ?
Un système médiatique qui se protège lui-même
Les journalistes d’aujourd’hui semblent moins préoccupés par la recherche de la vérité que par la défense de leur propre industrie. Ils se plaignent du déclin de la confiance du public, mais refusent de reconnaître leur propre responsabilité dans cette érosion. Ils dénoncent les médias alternatifs qui gagnent en popularité, mais ne se remettent pas en question quant aux raisons qui poussent les gens à chercher ailleurs une information plus nuancée et plus crédible.
Cette mentalité protectionniste se reflète également dans la proximité croissante entre les médias et le pouvoir politique. Loin d’être un contre-pouvoir, le journalisme québécois agit souvent comme un porte-voix complaisant des gouvernements, relayant sans recul les discours officiels, notamment en période de crise.
Reprendre le contrôle de l’information
Face à cette situation, le public a un rôle crucial à jouer. Il doit apprendre à questionner ce qu’il lit, à rechercher des sources variées, et à ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui est affirmé sous couvert d’expertise.
Les médias québécois, s’ils veulent regagner leur crédibilité, devront revenir à une pratique journalistique fondée sur l’équilibre, la rigueur et le débat ouvert. Tant qu’ils préféreront dicter la pensée plutôt que de l’éclairer, ils continueront de perdre du terrain face à des voix alternatives, plus authentiques et plus indépendantes.
Le journalisme québécois est à un tournant : il peut soit se réformer, soit poursuivre dans sa dérive et voir son influence s’effondrer totalement.