Le Journal de Montréal a encore frappé. Avec son titre racoleur — « Trump et Hitler : vous aurez tout compris après avoir lu ce texte » — le journal prétend nous offrir une grande leçon d’histoire. En réalité, il nous sert un ramassis de raccourcis idéologiques, une insulte à l’intelligence, à la mémoire historique… et au métier de journaliste.
Soyons clairs : comparer Donald Trump à Adolf Hitler n’est pas seulement exagéré — c’est une infamie intellectuelle. Une malhonnêteté crasse qui piétine toute rigueur historique. C’est aussi un profond manque de respect envers les victimes du Troisième Reich. On ne banalise pas les crimes d’un régime génocidaire pour marquer des points politiques ou générer du clic.
L’Histoire n’est pas un jouet idéologique
Oui, l’Histoire « rime », comme l’auteur le répète avec un air docte, mais encore faut-il savoir lire entre les lignes… et ne pas confondre rimes pauvres avec analyses profondes.
L’Allemagne de 1933 sortait humiliée de la Première Guerre mondiale, ravagée par l’hyperinflation, la faim, le chômage et un effondrement total de ses institutions. C’était une démocratie fragile, gangrenée par le chaos. Rien à voir avec les États-Unis d’aujourd’hui, encore moins avec leur système politique robuste, leurs médias omniprésents et leurs contre-pouvoirs constitutionnels bien en place.
Hitler a suspendu toutes les libertés fondamentales, interdit les partis politiques, instauré une dictature raciale et lancé une guerre mondiale. Il a construit des camps de concentration, organisé l’extermination de millions de Juifs et de minorités.
Trump? Il a été élu deux fois dans un processus démocratique, et il gouverne dans un système où la presse le démonise quotidiennement sans jamais être muselée. Il ne persécute personne pour sa religion ou son origine, et n’a jamais suspendu la Constitution.
Fin de la comparaison.
Du journalisme ou du militantisme déguisé?
Ce genre d’article ne vise pas à informer. Il vise à conditionner. Il flatte les instincts émotionnels les plus bas et vise surtout une cible bien précise : une génération vulnérable au chantage émotionnel, les baby-boomers québécois. Ceux qui croient encore que si c’est écrit dans le journal, c’est vrai. Ceux qui ont été élevés à croire que l’objectivité journalistique existait.
Ce que ces journalistes font, ce n’est pas de la pédagogie : c’est de la manipulation de masse, emballée dans un ton faussement rassurant et « éclairé ». Leur but? Entretenir la peur, maintenir les esprits sous tension, et s’assurer que toute remise en question du statu quo passe pour une résurgence du fascisme.
Pourquoi diaboliser Trump à ce point? Parce qu’il dérange les élites. Il remet en question les certitudes d’une classe politico-médiatique qui a perdu contact avec la réalité des classes moyennes. Et parce que ses électeurs — souvent ruraux, religieux, ouvriers — sont considérés avec mépris par cette même classe qui prétend défendre la « démocratie ».
C’est plus facile de crier « Hitler ! » que de débattre de fond sur la souveraineté, la sécurité, l’immigration ou le démantèlement de l’économie locale. Le démon sert à tout. Surtout à éviter de parler du réel.
Banaliser Hitler, c’est préparer la prochaine vraie dictature
Le vrai danger, c’est qu’à force de crier au loup, plus personne ne verra venir le véritable autoritarisme. Chaque fois qu’on traite Trump, Orban, Bolsonaro ou même Poilievre d’Hitler, on vide ce nom de sa signification. Et quand une vraie tyrannie émergera — sous prétexte de sauver la planète, de protéger la santé publique ou d’imposer une nouvelle justice sociale — tout le monde dormira au gaz, croyant que l’ennemi ressemblera encore à un militaire vociférant en uniforme.
Mais la prochaine dictature ne portera peut-être pas d’uniforme. Elle viendra sous les traits d’un fonctionnaire souriant, muni d’un code QR, d’un algorithme, et d’un pouvoir invisible de vous refuser l’accès aux services essentiels si vous n’obéissez pas à la ligne morale officielle.
Le Journal de Montréal devrait avoir honte. Pas pour ses idées. Pour sa paresse. Sa démagogie. Et son mépris du peuple.
Ce n’est plus de l’information : c’est du théâtre. Et c’est la démocratie, la vraie, qui en paie le prix.