Dans l’espace politique québécois – et plus largement occidental – un phénomène revient avec insistance : le double standard moral de la gauche. Une intransigeance sans compromis envers ses adversaires idéologiques, et une indulgence troublante quand il s’agit des siens. Le principe est simple : un écart de conduite, une maladresse ou même une simple association devient impardonnable si elle vient de la droite, mais se transforme en « détail du passé », en « contexte à comprendre » ou en « progression personnelle » quand elle vient du camp progressiste.
Prenons deux cas récents.
Cas #1 : Éric Duhaime – Le coupable par principe
Quand Éric Duhaime aide un ami dans le besoin en le logeant gratuitement, une histoire de taxes impayées devient un scandale public. On le traite de parjure, de mauvais administrateur, d’incompétent notoire. Pourtant, il n’a pas profité du système ni fraudé la population : il a simplement assumé un acte de solidarité personnelle… et payé la note. Mais comme il est du mauvais bord idéologique, aucun pardon n’est envisageable. Aucun contexte n’est pertinent. Il faut l’écraser.
Cas #2 : Alex Boissonneault – L’enfant prodigue
De l’autre côté, le PQ propose Alex Boissonneault, anciennement arrêté pour sa participation active à des actions violentes durant le Sommet des Amériques. Une jeunesse politisée, radicale, marquée par la confrontation. La gauche n’y voit pas un danger, mais une belle rédemption. On parle de maturité, d’évolution. On applaudit la résilience. On accueille à bras ouverts. Et surtout : on demande aux gens d’oublier.
Pourquoi cette asymétrie?
Hypocrisie structurelle ou stratégie politique?
Le discours de la gauche repose sur la vertu morale : inclusion, compassion, justice sociale. Cette posture leur confère une forme d’immunité, puisque leurs intentions sont supposément pures. En revanche, la droite, associée au marché, à l’autonomie individuelle et à la responsabilité personnelle, est systématiquement vue comme suspecte, intéressée, voire malveillante. Leurs erreurs sont jugées non seulement sur les faits… mais sur l’idéologie qu’on leur prête.
C’est pourquoi :
- Une entreprise privée qui augmente ses prix de 5 % est un voleur capitaliste.
- Mais un gouvernement qui flambe des milliards dans un projet comme Northvolt, sans garanties de résultats, sans échéancier clair, sans consultation publique sérieuse… mérite qu’on “soit patient”, qu’on “comprenne les enjeux à long terme”.
Les “crosseurs”, ce sont toujours les autres.
Une vision à deux vitesses
Ce double standard n’est pas simplement injuste – il est toxique pour la démocratie. Il empêche une évaluation honnête des projets, des personnes et des politiques. Il polarise inutilement, décourage les débats de fond, et incite à la loyauté aveugle plutôt qu’à la rigueur intellectuelle.
On doit pouvoir critiquer toutes les dépenses mal gérées, qu’elles viennent d’un promoteur privé ou d’un ministère. On doit pouvoir demander des comptes à tout candidat public, sans passe-droit idéologique.
La vertu ne devrait pas dépendre de la couleur du chandail politique.