Un nouveau type de personnage s’est installé dans notre société.
Ce n’est pas un policier, ni un juge, ni un élu autoritaire, mais parfois un peu des trois à la fois.
Il peut s’agir d’un voisin, d’un journaliste, d’un fonctionnaire, d’un enseignant ou même d’un enfant.
On les reconnaît à leur posture morale : ils affirment vouloir votre bien, même si vous n’en avez pas demandé.
On les appelle les Enverdeurs.
Ce sont ceux qui, au nom de l’environnement, prétendent vous dicter comment vivre, quoi planter, quoi consommer, et même comment penser.
Ils se présentent comme des protecteurs de la planète, mais dans les faits, ils cherchent à normaliser les comportements selon leurs préférences personnelles.
Une idéologie douce, mais intrusive
Les Enverdeurs sont présents dans tous les milieux et à tous les âges.
Certains écrivent des chroniques dans les journaux, d’autres siègent au conseil municipal.
Certains travaillent dans les écoles, où ils enseignent aux jeunes les bons et les mauvais comportements à adopter, souvent en lien avec leur propre vision de la vertu écologique.
D’autres déposent des plaintes ou participent à des campagnes publiques visant à faire pression sur des citoyens qui ne se conforment pas aux normes établies.
Ils ne cherchent pas à sensibiliser, mais à contrôler.
Ce qu’ils souhaitent réellement, c’est imposer un modèle unique de citoyen idéal, souvent défini par des règles esthétiques et comportementales strictes.
Le glissement vers le micro-autoritarisme
Depuis quelques années, on parle beaucoup de micro-agressions pour décrire de petites paroles ou gestes perçus comme nuisibles.
Ce que nous voyons émerger aujourd’hui, c’est un phénomène tout aussi insidieux : le micro-autoritarisme.
Ce phénomène se manifeste par une accumulation de pressions morales, sociales et administratives qui réduisent la liberté individuelle.
Ce sont des règlements locaux qui encadrent la couleur de votre porte, la hauteur de votre haie ou le type de végétation sur votre terrain.
Ce sont des campagnes de dénonciation, appuyées par les autorités ou les médias, visant ceux qui font des choix jugés non conformes.
Ce n’est plus un débat d’idées, c’est une mécanique de classement et de jugement.
On ne vous demande pas d’adhérer, on vous pousse à vous soumettre.
Le totalitarisme émotionnel
Les Enverdeurs ne forcent pas les gens à obéir par la violence ou la contrainte physique.
Ils utilisent des émotions.
Ils vous rappellent constamment que vous devriez avoir peur de l’avenir, honte de vos choix, et culpabilité de ne pas faire assez.
Ils cultivent l’idée qu’il n’y a qu’une seule manière responsable de vivre, et que toute déviation est suspecte.
Contester cette vision devient alors risqué.
Il ne s’agit plus d’un désaccord, mais d’une faute morale.
Refuser de se conformer, c’est être vu comme égoïste, ignorant, voire dangereux.
Résister pour préserver la liberté
La cause environnementale est importante.
Mais elle ne justifie pas l’effacement progressif des libertés individuelles.
On ne crée pas un avenir durable en transformant les citoyens en suspects et les quartiers en zones de conformité morale.
Les Enverdeurs ne sont pas une invention.
Ils sont réels, visibles, influents.
Ils occupent des postes clés dans les institutions, les médias et les conseils.
Et ils étendent leur emprise sur la vie quotidienne, souvent sans opposition.
Il faut donc rappeler une vérité simple :
la liberté n’est pas l’ennemie de l’environnement.
Mais l’autoritarisme, même lorsqu’il se prétend vertueux, reste toujours une menace pour la démocratie.