Au début de la pandémie, tous les gouvernements étaient confrontés à la même réalité : un virus inconnu, des données incomplètes, une population inquiète, et une pression médiatique énorme. Le réflexe de prudence était justifié. Confinements, fermeture des frontières, protection des personnes âgées – rien de cela n’était absurde dans le brouillard du mois de mars 2020.
Mais très tôt, un choix fondamental s’est présenté : fallait-il gérer la santé publique ou gérer la population ?
La Suède : une approche de santé publique
La Suède a choisi de traiter ses citoyens comme des adultes. Elle a basé ses décisions sur les principes classiques de santé publique : mesurer les risques réels, protéger les plus vulnérables, et surtout maintenir l’équilibre global de la santé physique, mentale et sociale.
Il n’y a pas eu de confinement généralisé. Les écoles primaires sont restées ouvertes. Les masques n’ont pas été imposés par décret mais utilisés au besoin. La priorité a été donnée à la cohérence, à l’autonomie, à la transparence.
Résultat : une société restée fonctionnelle, des enfants préservés de l’isolement, une économie moins heurtée, et une population qui, malgré les critiques internationales initiales, n’a jamais cessé de faire confiance à ses institutions.
Le Québec : une gestion de population
Au Québec, le gouvernement a opté pour une approche radicalement opposée. Il ne s’agissait pas seulement de protéger la santé publique, mais de montrer qu’on agissait, de façon visible, sévère, et souvent arbitraire. Le masque est devenu un symbole plus qu’un outil. L’interdiction de visiter des proches mourants a été maintenue bien au-delà du raisonnable. Les enfants ont été enfermés. Les aînés ont été isolés. Les couvre-feux, mesure extrême rarement utilisée même en temps de guerre, ont été appliqués… en plein hiver québécois.
La logique n’était pas sanitaire. Elle était comportementale.
Et chaque critique – aussi raisonnable soit-elle – a été ridiculisée. On ne débattait pas des mesures. On les imposait. Les médias ont répété les lignes. Les experts opposants ont été marginalisés. La science était invoquée, mais jamais interrogée.
Et maintenant ?
Trois ans plus tard, on peut comparer. Pas avec des chiffres bruts sortis d’un contexte, mais avec des indicateurs globaux :
- Taux de mortalité : la Suède, après ajustement à l’âge, a un bilan comparable, voire meilleur que celui du Québec.
- Santé mentale : la Suède n’a pas vu son système exploser sous la détresse des jeunes. Le Québec, si.
- Économie : la Suède a protégé ses PME et ses travailleurs sans les geler ni les infantiliser.
- Confiance institutionnelle : stable en Suède, en chute libre au Québec.
Et surtout, en Suède, le discours politique a évolué. Le gouvernement a admis certaines erreurs. Des discussions publiques ont eu lieu. Des chercheurs ont pu parler. On a compris que la transparence était la seule voie possible.
Au Québec ? Le ton paternaliste est resté. Les excuses ne sont jamais venues. La discussion reste taboue. Remettre en question certaines décisions, c’est encore s’exposer à l’étiquette de “complotiste” ou “égoïste”.
Ce que cette comparaison révèle
Ce n’est pas qu’il fallait copier la Suède. Chaque pays a ses réalités. Mais la pandémie a servi de révélateur.
Elle a montré que, lorsque la peur s’installe, le Québec préfère le confort de l’autorité au risque de la liberté. Que nos institutions, loin de faire confiance à leur population, préfèrent lui dicter sa conduite. Que la solidarité a été confondue avec l’obéissance.
La Suède a choisi la responsabilité. Le Québec a choisi le contrôle.
Et aujourd’hui, les effets se font sentir.
Nous payons le prix de cette gestion rigide : inflation, polarisation, détresse psychologique, fatigue sociale, méfiance envers les institutions et la médecine.
Et plus grave encore : une perte collective de capacité à réfléchir, à débattre, à faire confiance à notre propre jugement.
En conclusion
Il ne s’agit pas ici de réécrire l’histoire, mais de la regarder en face.
Oui, la pandémie était un défi inédit.
Mais face à ce défi, certains ont choisi la maturité, d’autres, la facilité.
Et maintenant que le brouillard est levé, il est temps d’avoir le courage de se demander :
Avons-nous été gouvernés pour notre santé, ou pour notre soumission ?
