On s’est longtemps demandé ce que ça voulait dire, être Québécois. Des décennies de réflexions collectives, de symposiums, de colloques, de débats télévisés, de chicanes de ruelle et de publications subventionnées. Des années à tourner autour du pot avec nos sempiternelles questions existentielles : Sommes-nous un peuple distinct? C’est quoi notre culture? Où est notre place?
Le Québec est devenu une culture d’intolérance, de médiocrité et d’idiotie. Pendant des années, on s’est demandé ce que ça voulait dire, être Québécois. Eh bien, on a trouvé.
Et quelle trouvaille. On croyait que c’était une blague? Non, non. Regardons-nous aller. L’intolérance, ici, c’est devenu un sport national. Mais attention, pas l’intolérance franche, assumée, celle qu’on pourrait encore dénoncer à voix haute. Non, c’est une intolérance déguisée, bien-pensante, enveloppée dans du papier cellophane de vertu. Celle qui se cache derrière de beaux slogans inclusifs, pendant qu’on t’excommunie socialement pour avoir osé exprimer une idée qui dépasse le script. Tu questionnes? Tu doutes? Tu proposes un angle différent? Merci, bonsoir. Va réfléchir ailleurs, loin du chœur. Et surtout, ne fais pas trop de vagues. On ne voudrait pas ébranler le consensus fragile qui tient lieu de pensée collective.
Et que dire de notre culte de la médiocrité? Ici, on n’aspire plus à l’excellence, c’est bien trop élitiste. On glorifie la petitesse, le moyen, le plate. Les projets ambitieux? Non merci. Les œuvres qui dérangent, qui provoquent, qui innovent? Trop risqué. Ramenons tout à la norme. Soyons sûrs que personne ne se sente exclu, menacé ou, pire, obligé de se dépasser. On veut du contenu prémâché, prêt-à-consommer, qui ne demande aucun effort. De la télé-réalité aux politiques publiques, c’est l’apogée du « pas pire », du « ça fera la job », du « de toute façon, c’est mieux que rien ».
Et l’idiotie… Ah, elle! Majestueuse. Radieuse. Omniprésente. Elle est partout, dans nos débats stériles et nos indignations éclairs. On élève des banalités au rang de crises d’État. On se déchire pour des détails pendant que les vrais enjeux prennent la poussière au fond d’un tiroir. L’éducation? La santé? L’avenir économique? Bah, on verra plus tard. Là, l’urgence, c’est de savoir si untel a dit quelque chose d’un peu croche en 2012 ou si un logo pourrait potentiellement heurter quelqu’un, quelque part, un jour.
Mais surtout, surtout… ne rions pas trop fort. Quelqu’un pourrait se sentir jugé. Faut respecter le climat social, hein.
Alors nous y voilà. Après tant d’années à nous demander qui nous sommes, la réponse était là, sous notre nez, en train de se construire, mollement, dans l’indifférence générale et l’autocongratulation permanente. Nous sommes devenus exactement ce qu’on redoutait : un peuple assis sur ses acquis, paralysé par la peur de déplaire, obsédé par le contrôle social, et résolument fier de sa propre décadence intellectuelle.
La question, maintenant, c’est : est-ce que ça nous satisfait? Est-ce qu’on est heureux là-dedans? Bien au chaud dans notre petite boîte à idées, où rien ne dépasse et où tout le monde pense pareil?
Parce que tant qu’à avoir trouvé ce qu’être Québécois signifie aujourd’hui… on pourrait peut-être se demander si c’est vraiment ce qu’on veut être demain.