Il y a quelque chose de profondément révélateur — et, osons le dire, ironique — dans le fait que les médias québécois aient récemment couronné Valérie Plante comme « personnalité médiatique de l’année ». Une reconnaissance apparemment prestigieuse, certes, mais qui en dit long sur le monde politico-médiatique actuel, où la visibilité prime sur les résultats, et où le ton prime sur le fond.
Valérie Plante, c’est un peu la Passe-Caroline de la scène municipale : toujours souriante, colorée, joviale, et omniprésente dans les médias. Elle chante les louanges de sa vision urbaine comme on chante une comptine apprise par cœur. Avec un vocabulaire bienveillant, inclusif et sucré, elle rassure ceux qui ont besoin de croire que les choses vont bien, même quand le trafic est paralysé, que les itinérants se multiplient et que la ville semble gérer ses dossiers comme un bricolage du samedi matin.
Ce n’est pas sa faute si elle correspond si bien à l’image que les médias aiment promouvoir : une femme engagée, accessible, branchée, qui sait manier les réseaux sociaux comme une marionnette attachante. Mais au-delà du costume de fête et des annonces sympathiques, que reste-t-il?
Des projets qui s’enlisent, une mobilité réduite à la lenteur, des entrepreneurs qui s’arrachent les cheveux, et une administration qui a transformé Montréal en terrain de jeu idéologique. Le pragmatisme, cette notion autrefois essentielle en politique municipale, semble avoir été relégué aux oubliettes, au profit d’un théâtre de symboles.
Nommer Valérie Plante « personnalité médiatique », c’est peut-être admettre, malgré soi, que notre époque préfère l’image au résultat, la parole au geste, l’intention au concret. Une époque où la mairesse peut endosser tous les rôles — celui de l’animatrice, de la confidente, de la porte-parole — sauf peut-être celui de la gestionnaire.
Dans cette grande émission qu’est la politique municipale, Valérie Plante est sans contredit une vedette. Mais pendant qu’elle chante et qu’elle danse, qui s’occupe de faire rouler la ville?