Il y a quelque chose de profondément troublant dans l’attitude de certaines personnes qui, tout en vivant grâce à l’État, se permettent de juger les créateurs de richesse avec une assurance morale confondante. Pire encore, ils se croient investis d’une mission : dénoncer les inégalités, critiquer les entreprises, accuser le capitalisme de tous les maux. Mais jamais ils ne regardent dans le miroir.
Ils dénoncent les profits des épiceries, les bénéfices des entreprises, les revenus des commerçants. Pourtant, leur propre revenu provient intégralement de la taxation des autres. Leur sécurité, leurs vacances, leur fonds de pension, tout cela est financé par des travailleurs et des entrepreneurs qu’ils méprisent. Eux n’ont pas à convaincre un client, à faire un bon produit ou à prendre un risque. Il leur suffit d’exister dans la bonne structure et de faire grève quand ils veulent plus. Pas plus de valeur. Juste plus d’argent.
Pendant ce temps, ceux qu’ils attaquent doivent mériter chaque dollar. Un épicier n’a pas de revenu garanti. Il doit convaincre, servir, innover, subir la concurrence. Il vit dans le réel, pas dans un système protégé par les privilèges de l’État.
Ces accusateurs publics ne comprennent même pas ce qu’est un bénéfice. Ils voient les profits augmenter en période d’inflation et crient au scandale, sans réaliser que les coûts augmentent aussi. Les marges des épiceries sont restées stables, autour de 2 à 4 %, mais cela ne les empêche pas de les accuser de voler la population. Pendant ce temps, la SAQ, monopole d’État, engrange plus de 60 % de marge brute, et là, aucun mot. Aucune indignation. Parce que dans leur monde, le vol est acceptable s’il est institutionnalisé.
Ils fonctionnent avec une moralité variable. Ce qu’ils condamnent chez les entreprises, ils l’acceptent quand cela vient du gouvernement. Les profits deviennent vertueux dès qu’ils sont publics. Les abus deviennent invisibles dès qu’ils servent la cause. Ce n’est pas la logique qu’ils suivent, c’est l’idéologie.
Ils refusent de reconnaître une vérité simple. Le capitalisme n’est pas parfait, mais il a sorti des milliards de personnes de la pauvreté. Le socialisme ralentit cet enrichissement, car il freine les incitatifs, l’innovation et la production. Et sans capitalisme, le socialisme n’a rien à redistribuer. Lorsqu’il tente d’exister sans lui, il devient du communisme, et alors tout le monde s’appauvrit, sauf une élite politisée qui se justifie en prétendant agir pour le peuple.
Ces idées ont été essayées encore et encore. En Argentine, avant Milei, elles dominaient. Résultat : inflation à 200 %, pauvreté de masse, perte de confiance généralisée. Et aujourd’hui, des Québécois veulent refaire exactement la même erreur, en espérant un résultat différent. On appelle ça l’aveuglement idéologique.
Les pires voleurs ne se cachent pas. Ils se justifient. Ils appellent cela solidarité. Ils brandissent la morale comme un bouclier, pendant qu’ils vivent de la richesse que d’autres produisent. Et quand cette richesse vient à manquer, ils blâment ceux qui créent, plutôt que ceux qui confisquent.
C’est là que le danger commence. Quand la vertu devient un outil d’oppression. Quand la victimisation devient une arme de pouvoir. Quand la bonne intention sert à justifier l’échec, l’abus et l’injustice réelle.
Et tout cela, au nom du bien commun.