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Introduction
Le 16 février 2025, La Presse a publié une série de quatre articles intitulée L’A B C de l’extrême droite, visant à définir, identifier et analyser les dangers de cette mouvance politique. En faisant référence à des figures politiques comme Donald Trump, Giorgia Meloni, Marine Le Pen et Viktor Orbán, ces articles prétendent offrir un guide d’identification et de compréhension de l’extrême droite.
Si l’intention affichée est d’informer, la construction même de ces articles soulève des questions sur leur qualité, leur neutralité et leur véracité. Cette analyse mettra en lumière les biais présents, l’opportunisme des critères utilisés pour définir l’extrême droite, et l’absence d’équilibre journalistique.
1. Un cadrage idéologique plutôt qu’une analyse objective
Une absence de pluralité des points de vue
L’un des problèmes majeurs de cette série est l’absence totale de diversité des opinions. Tous les experts cités (David Morin, Ruth Dassonneville, Marc-André Bodet, Vicente Valentim, etc.) appartiennent au même courant idéologique et partagent une définition très large et alarmiste de l’extrême droite. Cela entraîne plusieurs biais manifestes :
- Un traitement asymétrique de la droite et de la gauche
L’article ne mentionne jamais les extrêmes de gauche, qui ont pourtant une histoire de dérives autoritaires (ex. Cuba, Venezuela, certaines mouvances anarchistes violentes). La focalisation exclusive sur l’extrême droite traduit un cadrage idéologique. - Une absence totale de contre-arguments
Les figures politiques mentionnées sont uniquement présentées sous un angle négatif. Aucun espace n’est laissé à une analyse plus nuancée. Par exemple :- Giorgia Meloni est citée pour ses racines dans un parti fasciste, mais son évolution et les raisons de son élection ne sont jamais explorées.
- Marine Le Pen est liée à l’héritage de son parti, mais son glissement vers une droite populiste moderne n’est pas pris en compte.
- Donald Trump est qualifié d’extrême droite, sans mentionner son attrait pour une partie de l’électorat ouvrier et de classe moyenne.
Une définition floue et opportuniste de l’extrême droite
La Presse tente de définir l’extrême droite à travers plusieurs critères, mais ceux-ci sont parfois subjectifs et appliqués de manière biaisée :
- Ethnonationalisme et rejet du multiculturalisme
- Jusqu’où peut-on aller dans la préservation culturelle avant d’être taxé d’extrême droite ?
- Ex : Défendre la francophonie au Québec, est-ce une posture ethnonationaliste ?
- Tendances autoritaires
- L’article dénonce l’attaque des contre-pouvoirs par l’extrême droite, mais ignore les dérives autoritaires venant d’autres mouvances (ex. censure étatique, wokisme militant).
- Discours sur l’immigration et la sécurité
- Peut-on encore parler de pression migratoire sans être qualifié d’extrême droite ?
2. Un traitement journalistique orienté et alarmiste
Un journalisme rigoureux doit présenter les faits sous plusieurs angles. Or, ici, La Presse adopte un ton alarmiste et fataliste :
- Une diabolisation des électeurs de droite
- L’article ne cherche pas à comprendre pourquoi des millions de citoyens votent pour ces partis. Il présente ces électeurs comme manipulés ou aveuglés par des « solutions simplistes ».
- Une absence totale de mise en contexte
- On parle de « menace pour la démocratie » et d' »érosion des libertés », mais sans expliquer en quoi les politiques concrètes des gouvernements concernés sont antidémocratiques.
- Une asymétrie dans l’analyse des extrêmes
- Aucune mention des dérives autoritaires à gauche, alors que certains gouvernements de gauche ont tenté de modifier les lois électorales à leur avantage.
Conclusion : Une lecture biaisée du phénomène politique
Si La Presse souhaitait informer le lecteur sur l’extrême droite, ces articles passent à côté de la rigueur nécessaire. Ils ne répondent pas à la question de manière neutre, mais imposent un cadrage idéologique qui amalgame droite conservatrice, populisme et extrême droite dans une même catégorie.
Points-clés :
- Certaines figures politiques mentionnées relèvent bien de l’extrême droite (AfD, FPÖ autrichien), mais d’autres, comme Trump ou Meloni, sont plus proches du populisme de droite que du fascisme.
- Les critères utilisés sont trop larges et permettent de classer toute critique du progressisme comme un signe d’extrême droite.
- Un journalisme équilibré devrait comparer les extrêmes des deux bords et offrir une pluralité d’opinions.
💡 Verdict : Ces articles ne sont pas une analyse neutre de l’extrême droite, mais une lecture biaisée qui vise à discréditer une partie du spectre politique.