Le 22 février 2025, un article de Frédéric Marcoux relayait les propos d’Érick Duchesne, professeur en science politique à l’Université Laval, mettant en garde contre un supposé risque imminent de guerre civile aux États-Unis. Selon lui, les décisions du président Donald Trump, notamment le remplacement de hauts responsables gouvernementaux, menacent les institutions démocratiques et conduisent le pays vers une polarisation extrême, voire un conflit armé.
Mais une question s’impose : cette analyse repose-t-elle sur une réalité objective ou relève-t-elle plutôt d’une stratégie médiatique visant à attiser la peur et la division ?
Un récit alarmiste qui frôle la caricature
L’article en question joue sur des ficelles bien connues du journalisme sensationnaliste :
- Un titre apocalyptique : « Un risque de guerre civile aux États-Unis ».
- Un ton dramatique : « Attachez vos ceintures… Le pire est à venir… »
- Un scénario catastrophe : la démocratie américaine s’effondrerait sous le poids d’un autoritarisme croissant, l’armée pourrait se diviser, et des milices armées pourraient déclencher une guerre interne.
Ces affirmations, bien que théoriquement possibles dans une dystopie hollywoodienne, ne reposent sur aucune donnée factuelle solide. Ce n’est pas la première fois que les médias québécois et leurs « experts » nous promettent une apocalypse imminente aux États-Unis. Pourtant, la réalité démontre que, malgré la polarisation politique, les institutions américaines fonctionnent toujours et que la vie quotidienne suit son cours normal pour la majorité des citoyens.
Un manque criant de nuances et de contexte
L’un des principaux problèmes de ce type d’analyse réside dans l’absence totale de mise en contexte historique et institutionnel.
- Les nominations politiques sont monnaie courante
L’idée selon laquelle Donald Trump briserait un équilibre démocratique en nommant des alliés politiques est trompeuse. Tous les présidents américains procèdent à des changements stratégiques au sein de leur administration. Joe Biden a lui-même remplacé de nombreux responsables dès son arrivée en 2021, tout comme Barack Obama et George W. Bush avant lui. - Le « risque de guerre civile » : une exagération grotesque
La polarisation politique aux États-Unis est une réalité, mais parler de guerre civile est une extrapolation purement spéculative. Aucune insurrection armée généralisée ne menace le pays, et les manifestations, bien qu’intenses, n’ont jamais basculé dans un affrontement militaire organisé. - La confiance dans les institutions demeure élevée
Contrairement à ce que laisse entendre le professeur Duchesne, les institutions américaines fonctionnent encore efficacement. La séparation des pouvoirs entre le Congrès, la Cour suprême et la présidence garantit que même un leader controversé ne peut gouverner sans contrepoids.
L’objectif réel : modeler l’opinion publique
Pourquoi alors diffuser ce genre de discours anxiogène ? La réponse est simple : contrôler le récit médiatique.
- Délégitimer un adversaire politique
En exagérant les actions de Trump et en les présentant comme des prémices d’un régime autoritaire, les médias cherchent à influencer l’opinion publique contre lui. - Attiser la peur pour garder le public captif
Rien ne capte mieux l’attention qu’un bon scénario catastrophe. Un public effrayé est un public qui consomme davantage d’informations et reste fidèle aux médias qui lui servent ce contenu. - Renforcer un récit idéologique
Les médias québécois ont une forte tendance à promouvoir une vision biaisée des réalités politiques américaines, souvent alignée sur une lecture simpliste et manichéenne : Trump = dictateur potentiel, opposition = défenseurs de la démocratie. Cette absence de nuances empêche une compréhension honnête et équilibrée de la situation.
Conclusion : arrêtons de jouer le jeu de la peur
Le véritable danger ne réside pas dans une hypothétique guerre civile américaine, mais dans la manière dont les médias québécois entretiennent un climat de peur et de division. Plutôt que d’encourager une réflexion nuancée et critique, ils préfèrent asséner des scénarios catastrophes qui ne résistent pas à l’épreuve des faits.
Plutôt que de succomber à ce narratif sensationnaliste, il est temps d’exiger un journalisme plus responsable, basé sur des faits vérifiables et une analyse équilibrée, plutôt que sur des spéculations alarmistes destinées à manipuler l’opinion publique.
Et si le pire n’était pas à venir, mais déjà là… dans la désinformation médiatique elle-même ?
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